LE PARC AGRO-INDUSTRIEL DE BUKANGA-LONZO, VERS UN RÉVEIL POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un nom qui évoque à la fois l’ambition et les défis passés de la République démocratique du Congo en matière de développement agricole, se trouve aujourd’hui au cœur d’une nouvelle stratégie de relance portée par le ministère du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa.
Jadis salué comme le fer de lance de la révolution agricole congolaise, ce projet d’envergure, dans lequel l’État a investi des ressources considérables, est désormais envisagé non pas comme un simple actif à réhabiliter, mais comme un pilier fondamental pour garantir la sécurité alimentaire du pays. La démarche actuelle, caractérisée par une volonté d’analyse holistique et de transparence, vise à transformer Bukanga-Lonzo en un moteur de production agricole de grande envergure, capable de réduire la dépendance aux importations et d’assurer une offre alimentaire intérieure suffisante, répondant ainsi à un impératif national pressant.
UN BILAN IMPÉRATIF, L’APPROCHE HOLISTIQUE POUR LA RELANCE DE BUKANGA-LONZO
Jean-Lucien Bussa, ministre du Portefeuille, conscient des enjeux historiques et des investissements colossaux déjà consentis dans le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, a initié une démarche audacieuse et méthodique pour sa relance. Loin de toute improvisation, il a préconisé la mise en place d’une commission mixte interinstitutionnelle, une entité qui réunira des représentants de la Présidence, de la Primature, du ministère du Portefeuille lui-même, mais aussi de l’Intérieur, de l’Agriculture, de la Justice et des Affaires foncières.
Cette composition multidisciplinaire n’est pas fortuite ; elle témoigne d’une volonté d’aborder la question de manière holistique, reconnaissant que les défis de Bukanga-Lonzo ne se limitent pas à la seule sphère agricole ou financière.
L’objectif de cette commission est d’organiser une mission d’état des lieux approfondie, qui ira bien au-delà d’un simple inventaire des infrastructures.
Il s’agira d’examiner minutieusement l’existant en termes de capacités de production, de machines et de terres cultivables, mais aussi de se pencher sur la gouvernance passée et présente du parc, un aspect souvent pointé du doigt dans les échecs des projets de grande envergure en RDC. L’actionnariat sera passé au crible, tout comme les états financiers pour comprendre la situation économique réelle du projet. Crucialement, la commission devra analyser les engagements vis-à-vis de l’État et vis-à-vis de tiers, afin de démêler l’écheveau des dettes, des créances et des obligations.
Cette transparence totale est essentielle pour élaborer un plan de relance sur des bases objectives, évitant les erreurs du passé et garantissant que chaque dollar investi à l’avenir contribue réellement à « rentabiliser l’investissement déjà consenti » et à faire de Bukanga-Lonzo un succès durable.
C’est une démarche qui, par sa rigueur, aspire à restaurer la confiance dans ce projet emblématique et à le repositionner comme un moteur de développement agricole.
BUKANGA-LONZO, UN PILIER DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET UN CONTRASTE STRATÉGIQUE AVEC TRIOMF
La relance du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo ne s’inscrit pas dans une démarche isolée ; elle fait partie d’une stratégie plus large de souveraineté alimentaire nationale, en lien étroit avec la résurrection d’autres entités importantes, à l’instar de l’entreprise TRIOMF.
Alors que Bukanga-Lonzo est envisagé pour la production agricole de grande envergure de denrées de consommation de masse, Triomf, avec son objet social de production des engrais, en est le complément indispensable.
Un parc agro-industriel performant a besoin d’intrants agricoles de qualité et en quantité suffisante pour maximiser ses rendements. La synchronisation de la relance de ces deux entités est donc essentielle pour créer une synergie vertueuse où la production d’engrais locaux soutient directement l’augmentation des récoltes à Bukanga-Lonzo et dans l’ensemble du secteur agricole congolais.
L’urgence de rendre ces entreprises performantes est d’autant plus grande que la RDC fait face à une insuffisance criante de l’offre alimentaire intérieure.
Cette faiblesse est exacerbée par un sous-investissement chronique, qu’il soit public ou privé, dans le secteur agricole.
La conséquence directe est une dépendance alarmante aux importations de denrées alimentaires de base, qui représente une facture annuelle moyenne colossale de 1,5 milliard de dollars américains.
Cette somme faramineuse, qui quitte chaque année le pays, pourrait être réinvestie localement si des projets comme Bukanga-Lonzo et Triomf atteignaient leur plein potentiel.
La relance de Bukanga-Lonzo est donc perçue comme un maillon essentiel pour réduire cette facture d’importation, stimuler l’économie locale, créer des emplois et, surtout, garantir l’accès à une nourriture abordable et suffisante pour la population congolaise. C’est un engagement stratégique pour transformer un potentiel agricole immense en une réalité tangible de sécurité et de souveraineté alimentaire.
David MUTEBA KADIMA