- Quand le silence des preuves accable ses dénonciateurs !
Dans l’univers souvent impénétrable et impitoyable des entreprises publiques congolaises, un drame se joue actuellement au sein de la Caisse Générale d’Épargne du Congo (CADECO SA), exposant au grand jour les vulnérabilités d’une institution financière vitale pour la nation.
Au cœur de cette tempête médiatique et juridique se trouve Ibrahim Iladi Makambo, le dynamique directeur provincial de la CADECO SA pour le Kongo-central et chef de la succursale de Matadi. Paradoxalement, il se retrouve ciblé par de graves accusations de détournement de fonds et d’incompétence, portées par la directrice générale elle-même, Juliette Mbambu Mughole.
Cependant, en grattant la surface de ces allégations explosives, une réalité bien plus complexe et nuancée émerge : celle d’un dévouement sans faille, d’une modernisation audacieuse et de performances financières exceptionnelles qui contrastent violemment avec l’image dépeinte par ses détracteurs.
Cette saga, qui implique également le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, pris entre le marteau du légalisme et l’enclume des pressions politiques, nous invite à plonger dans les profondeurs de cette affaire pour démêler le vrai du faux et comprendre les enjeux colossaux qui se jouent pour la CADECO SA et, par extension, pour la crédibilité de la gouvernance économique en République démocratique du Congo.
L’ASCENSION INATTENDUE D’UN BÂTISSEUR, DU GUICHETIER AU REDRESSEUR DE L’OMBRE
Le parcours d’Ibrahim Iladi Makambo au sein de la CADECO SA est loin de correspondre au stéréotype de l’arriviste opportuniste ou du cadre parachuté sans expérience du terrain.
C’est, au contraire, le témoignage éloquent d’une ascension méthodique, forgée par un engagement profond et inébranlable envers l’institution.
Ayant débuté modestement en 2009 comme simple agent de guichet à Matadi, il a gravi les échelons avec une détermination remarquable, occupant successivement des postes clés tels que contrôleur de caisses, percepteur des recettes du Trésor public, et chef de service commercial.
Cette trajectoire ascendante lui a permis d’acquérir, au fil des années, une connaissance intime et opérationnelle des rouages de la CADECO SA, doublée d’une expertise technique largement reconnue par ses pairs et ses supérieurs hiérarchiques.
Ses cinq années passées au service commercial se sont avérées particulièrement cruciales, lui offrant une vision globale des opérations bancaires et la capacité de tisser des liens étroits et durables avec la clientèle, une expérience qui s’est révélée inestimable lorsqu’il a pris les rênes de la direction provinciale.
Plus significativement encore, son rôle d’intérimaire en tant que chef de succursale de Matadi en 2016, une période où il a dû jongler avec les responsabilités de la direction provinciale sous la supervision d’un « doyen » basé à Mbanza-Ngungu, a mis en lumière ses qualités intrinsèques de leadership, sa polyvalence et son aptitude remarquable à gérer des situations complexes avec une autonomie surprenante.
Cette période transitoire, bien que non conventionnelle, a servi de véritable banc d’essai pour ses compétences managériales et sa résilience, préparant ainsi le terrain pour sa nomination officielle en tant que directeur provincial en 2017, une reconnaissance méritée de son dévouement acharné et de son savoir-faire incontestable, loin des amitiés politiques ou des raccourcis.
DU CHAOS À LA MODERNITÉ, LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE DU KONGO-CENTRAL FACE À UNE CRISE NATIONALE
À son arrivée à la tête de la CADECO SA au Kongo-central, Ibrahim Iladi Makambo n’a pas hérité d’une simple tâche, mais d’un véritable fardeau.
La situation qu’il a trouvée relevait du désastre, un véritable champ de ruines financier et opérationnel qui aurait découragé les plus aguerris des managers.
La CADECO SA provinciale était engluée dans un endettement abyssal de plus de 3 milliards de CDF, avec des caisses désespérément vides, un parc automobile complètement délabré rendant impossible la collecte efficace et sécurisée des fonds de l’État dans les délais impartis, et des locaux d’une insalubrité criante et d’une vétusté archaïque, nuisant gravement aux conditions de travail du personnel.
L’administration elle-même était un vestige du passé, reposant sur des processus manuels lents et inefficaces, un retard technologique criant qui était une entrave majeure à toute forme d’efficacité, de transparence et de modernisation. Makambo se souvient encore avec amertume de l’époque où il devait, de manière régulière et dangereuse, louer des taxis privés pour acheminer les fonds à la Banque Centrale du Congo, une pratique non seulement risquée pour la sécurité des liquidités, mais également indigne d’une institution financière nationale.
L’état des bureaux, qu’il décrit comme des « étuves », est un symbole poignant des conditions de travail déplorables auxquelles étaient confrontés les employés, affectant directement leur moral, leur productivité et, in fine, l’image de la banque.
Face à ce tableau sombre, où d’autres gestionnaires auraient probablement jeté l’éponge devant l’ampleur de la tâche et l’absence de moyens, Ibrahim Iladi Makambo, animé d’une détermination sans faille et d’une vision stratégique claire, a entrepris une œuvre de redressement titanesque. Sa persévérance et son ingéniosité lui ont permis de transformer progressivement la succursale de Matadi, sous sa direction, en un véritable modèle de modernité, d’efficacité et de rentabilité, démontrant ainsi une capacité exceptionnelle à relever des défis monumentaux et à générer des résultats tangibles, malgré un contexte national parfois défavorable.
LES CHIFFRES CONTREDISENT LES ACCUSATIONS, LA PREUVE DE L’EXCELLENCE FACE À LA CALOMNIE
La transformation opérée par Ibrahim Iladi Makambo à la CADECO SA du Kongo-central est, à tout point de vue, indéniable et mesurable, ce qui rend les accusations d’incompétence d’autant plus perplexes.
Sa vision avant-gardiste l’a poussé à initier un passage audacieux à la numérisation de l’administration, un progrès colossal par rapport à l’ère des fiches manuelles. Ce processus a révolutionné l’efficacité opérationnelle, permettant un accès instantané et sécurisé aux dossiers des employés et aux comptes des clients, réduisant les erreurs et améliorant la traçabilité. L’engagement de Makambo ne s’est pas limité aux aspects technologiques ; il s’est également traduit par des améliorations tangibles des infrastructures et des moyens logistiques : l’acquisition de véhicules de service essentiels, la récupération d’une parcelle de terrain illégalement squattée, et surtout, la mise en place d’un système de sécurité sophistiqué avec caméras de surveillance, codes d’accès biométriques et empreintes digitales.
Ce dernier point est particulièrement crucial dans un secteur où la protection des fonds et la sécurité du personnel sont des priorités absolues et non négociables.
Face à un tel bilan concret et vérifiable, il apparaît une contradiction flagrante dans les accusations portées contre Ibrahim Iladi Makambo, particulièrement en regard des résultats financiers exceptionnels de la succursale de Matadi sous sa direction.
Depuis 2017, cette agence n’a pas seulement été performante ; elle a été désignée comme la première en termes de rentabilité au niveau national, surpassant de loin toutes les autres agences de la CADECO SA. Le budget de Matadi est non seulement le plus important de toutes les agences du réseau, mais elle réalise fréquemment le double, voire le triple, des assignations budgétaires fixées, démontrant une capacité unique à générer des revenus.
La question se pose alors avec une acuité dérangeante : comment une agence administrée par un directeur provincial prétendument incompétent peut-elle obtenir de tels résultats financiers et opérationnels, inégalés à l’échelle nationale ?
Les réalisations concrètes de Makambo, qu’il s’agisse de la construction de nouveaux bâtiments administratifs ou de l’acquisition stratégique de terrains, sont autant de preuves irréfutables de son engagement profond, de sa vision à long terme et de sa capacité à générer de la valeur ajoutée pour la CADECO SA dans sa juridiction.
Il est d’autant plus frappant de constater que tous ses prédécesseurs à la Direction Générale l’ont félicité pour son travail exemplaire, à l’exception notable de l’actuelle Directrice Générale, Juliette Mbambu Mughole, renforçant l’idée d’un acharnement personnel plutôt que d’une évaluation objective de ses compétences et de sa contribution.
AU CŒUR DE LA TOURMENTE : JUSTICE, SOLIDARITÉ ET L’AVENIR INCERTAIN DE LA CADECO SA
Face aux graves accusations de détournement, Ibrahim Iladi Makambo se défend avec une véhémence teintée de lassitude, rappelant avec justesse que seul un juge est habilité à qualifier un acte de détournement.
Il dénonce le caractère manifestement infondé des allégations de Juliette Mbambu Mughole, soulignant le fait qu’elle n’ait pas été en mesure de produire la moindre preuve tangible, même après avoir été auditionnée par la Cour de cassation.
Cette absence criante de preuves, après plusieurs mois d’enquête judiciaire, est en soi une réfutation puissante des accusations initiales.
Makambo fournit une explication rationnelle aux sommes prétendument « non reversées » : ces montants correspondent en réalité à la contribution vitale de la succursale de Matadi au financement de la Direction Générale et au soutien d’autres agences en difficulté.
Cette pratique, bien que non conventionnelle et symptomatique des difficultés structurelles de la CADECO SA, est justifiée par la nécessité impérieuse de maintenir l’institution à flot et d’assurer le paiement des salaires des mandataires à l’échelle nationale.
Iladi Makambo dénonce une forme d’ingratitude flagrante de la part de la direction générale, qui sollicite constamment l’aide financière de Matadi, la « vache à lait » de la CADECO SA, sans jamais lui en témoigner une reconnaissance adéquate, ni même reconnaître les sacrifices faits par sa succursale.
Il a, à plusieurs reprises, fait remonter à la direction générale les difficultés que cette situation engendrait pour la succursale de Matadi, soulignant les risques de liquidité qui pouvaient l’empêcher de payer ses propres clients.
Pourtant, au lieu d’être entendu, il a été confronté à une demande d’explication vexatoire, se sentant même obligé d’aider personnellement la directrice générale en lui montrant le tableau de bord financier de Matadi et en soulignant les dangers imminents pour la succursale.
Ces efforts, empreints de bonne foi et de sens du devoir, se sont malheureusement avérés vains.
La suspension d’Ibrahim Iladi Makambo s’inscrit donc dans un contexte de tensions internes profondes et de luttes de pouvoir acharnées au sein de la CADECO SA. L’intervention du Ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, qui a demandé de surseoir à la mesure de suspension, témoigne de la gravité de la situation et de l’existence de désaccords profonds au sein de la direction de l’entreprise. Makambo se défend catégoriquement de toute connivence ou « protection » politique avec le ministre Jean-Lucien Bussa, affirmant ne pas le connaître personnellement et rejetant l’idée d’un traitement de faveur.
Il attribue la décision du Ministre à la force de sa lettre de dénonciation, qui, selon lui, contenait des preuves accablantes non pas de son méfait, mais des dysfonctionnements internes et des allégations infondées. L’affaire de Matadi, loin d’être un cas isolé de mauvaise gestion provinciale, serait plutôt le symptôme le plus visible des maux profonds qui minent la CADECO SA dans son ensemble.
L’avenir d’Ibrahim Iladi Makambo, bien que toujours incertain face à la persistance des attaques, est un témoignage poignant de la complexité du monde des affaires congolais, où la performance et l’intégrité peuvent parfois être obscurcies par des luttes de pouvoir, des accusations non fondées et la résistance au changement.
C’est un test pour la justice et pour la capacité de la RDC à assainir ses entreprises publiques.
David MUTEBA KADIMA
